
À quoi fait-on allusion par « collecte » ? Dans le cas de graines ou fruits, la différence avec les termes« récolte » ou « cueillette » réside dans la vocation du produit végétal prélevé, et dans les conditions de son prélèvement :
- Cueillette : prélèvements en milieux naturels ; utilisation de la matière directement ou après transformation ; dans le cas de graines ou de fruits le produit final recherché sera le plus souvent alimentaire, cosmétique ou médicinal ;
- Récolte : prélèvement dans des espaces de production ; utilisation de la matière pour reproduire des végétaux ou pour la production de matière première alimentaire, fibre, cosmétique ou médicinal ;
- Collecte : prélèvement en milieux naturels ou en vergers à graines ; utilisation de la matière à des fins de reproduction de végétaux.
Une personne pratiquant la « collecte de graine »va donc prélever des fruits, en extraire les graines et les valoriser auprès d’un multiplicateur de semences ou d’un pépiniériste.
1. Techniquement, que fait un collecteur ?
L’activité de collecte est dépendante de la période de fructification des végétaux ; c’est donc une activité saisonnière réalisable sur une période plus ou moins longue selon les fruits et graines récoltés. À titre d’exemple sur les espèces ligneuses : si l’essentiel des espèces plébiscitées sont en graines entre août et octobre, certaines ne sont récoltables qu’en fin d’automne (Myrte, Houx, Arbousier) quand d’autres ne le sont qu’au printemps (peupliers, saules, ormes). Cependant, le travail de collecte nécessite de s’impliquer en amont des collectes pour identifier les sites de collecte, suivre la floraison et fructification sur chaque site, et obtenir des autorisations de collecte. Des connaissances botaniques et une bonne connaissance du territoire sont donc des prérequis très utiles à la pratique de cette activité.
La collecte concerne généralement les fruits mûrs, prêts à tomber. Lorsqu’elle est réalisée en milieu naturel et hormis pour les collectes d’herbacées en mélange, elle est très peu mécanisée (utilisation de sceaux à harnais, sécateur, peson, crochet, gaule, etc.).

Le plus souvent, un travail complémentaire est nécessaire pour assurer une bonne conservation des graines et répondre aux besoins des clients : avoir des graines qui germent correctement. Le tri voire le dépulpage (extraction des graines de fruits charnus) peut représenter, selon les espèces, une part importante du temps que demande l’activité : pour certaines espèces comme le Baguenaudier ou le Cormier c’est même la partie la plus chronophage. Elle peut être plus ou moins mécanisée (batteuse, colonne soufflante, épépineuse), ou manuelle(couteau, tamis).

Dans un souci de livrer des graines avec le meilleur taux de germination possible, les collecteurs vendent généralement l’essentiel des graines récoltées dans l’année et il peut être compliqué de trouver acheteur pour des graines ayant été conservées ne serait-ce qu’une année. En effet, la conservation peut engendrer des mises en dormances longues et compliquées à lever, en particulier pour les ligneux.
Comme toute activité saisonnière, l’activité de collecte ne peut se suffire à elle-même et c’est pourquoi aucun collecteur indépendant de graines ne vit que de cette activité. Certains collecteurs indépendants peu mécanisés mais pouvant pleinement se consacrer à cette activité en saison arrivent à générer un chiffre d’affaires entre 20 et 25 000€ selon les années.
Pour en savoir davantage :
- ressources Végétal Local
- à venir : un article sur le métier
2. Quel marché pour les graines (hors graines de consommation) ?
Cela fait de nombreuses années que les pépiniéristes ne pratiquent plus qu’à la marge la collecte de graines pour alimenter leurs productions de jeunes plants, potées ou arbres. L’ouverture des frontières a engendré une concurrence telle que l’activité de collecte a très fortement régressé en France entre le début et la fin du XXe siècle. L’adéquation des végétaux avec leurs milieux de destination a finalement été questionnée par certaines filières en demande de végétaux capables de s’adapter et de répondre durablement aux enjeux recherchés, en particulier : la production de bois (plantations forestières) et la production de services écosystémiques (restauration écologique).

Ces filières ont donc mis en place des systèmes de traçabilité permettant de garantir cette adéquation, en postulant que les végétaux plantés seront mieux adaptés s’ils partagent un génome diversifié et proche des populations naturelles – pas ou peu sélectionnés et issus de peuplements locaux. C’est ainsi qu’ont été créés :
- La règlementation européenne relative aux matériels forestiers de reproduction. Elle encadre depuis les années 1960 la collecte des graines et la production de plants à destination forestière.
- La marque française Végétal local. Depuis 2015, elle permet de garantir que les végétaux produits sont d’origine génétique locale et sauvage, et donc les plus aptes à recréer des habitats écologiquement fonctionnels.
Si les besoins en graines pour la filière forestière sont quasi exclusivement couverts par les acteurs forestiers (pépiniéristes, ONF, semenciers privés), la demande en graines marquées Végétal local n’est pas comblée, en particulier concernant les espèces herbacées.
Pour en savoir davantage :
- Complémentarité, similitudes et différences entre les démarches Végétal local et MFR
- Fournisseurs, espèces réglementées, provenances et matériels de base forestiers | Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
3. La marque Végétal local
Végétal local est une marque équivalent à un label, propriété de l’Office français de la biodiversité (OFB), et créée par trois réseaux en manque de ressources végétales adaptées à leurs besoins :
- La Fédération des Conservatoires botaniques nationaux – en demande de végétaux adaptés pour les projets de restauration écologique ;
- Réseau Haies France (ex Association française de l’arbre champêtre - Agroforesteries)– en demande de végétaux de qualité pour les projets de plantation de haies ;
- Plante et Cité – en demande de végétaux capables de recréer des espaces de biodiversité dans les villes.
Végétal local est un outil de traçabilité garantissant le caractère sauvage et local des végétaux produits. Les végétaux doivent être issus de collectes en milieu naturel, au sein de leur aire de répartition naturelle, et ne doivent pas avoir subi de sélection ou de croisement par l’homme. La traçabilité doit permettre de remonter jusqu’à la région d’origine dans laquelle a été effectué la collecte de la graine.

La marque compte actuellement 163 bénéficiaires (entreprises, associations, etc.) en droit d’apposer la mention « Végétal local » sur tout ou partie de leurs végétaux. La dynamique de la filière est très forte (+ 40 bénéficiaires/an en moyenne sur les 2 dernières années), du fait notamment de la reconnaissance de la marque par les prescripteurs qui l’inscrivent de plus en plus aux exigences sur la fourniture de végétaux dans les CCTP et les Appels à projets.
Pour en savoir davantage :
- Une marque au service de la nature | Végétal local
- Bénéficiaires: vos ressources à télécharger | Végétal local
Les multiplicateurs de semences engagés dans la marque Végétal local sur le territoire alpin recherchent des semences prélevées in situ.
Pour en savoir plus, contactez Lucie Gager du Conservatoire Botanique National Alpin : l.gager@cbn-alpin.fr, 07 45 87 72 98.
Si vous êtes intéressé-e par la collecte de graines pour ce réseau, le CBN alpin organise 3 jours de formation gratuite à La Mure (38) les 9, 10 et 11 juin 2025 (programme en téléchargement ci-dessous), inscriptions ici.
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