Gregori Lemoine

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et l'aubépine de Valdrôme

Je suis ethnobotaniste, botaniste et cueilleur. J’ai toujours aimé être dehors. Étudiant, je travaillais comme ouvrier agricole saisonnier pendant l’été. Par désir d’autonomie, j’ai commencé à cueillir les plantes sauvages comestibles épaulé par les livres de Lieutaghi, Couplan et le guide Delachaux. J’ai vendu mes cueillettes et commencé à animer des sorties botaniques. Au fil des années je me suis professionnalisé et j’ai réalisé des inventaires botaniques et des enquêtes.

Un cueilleur doit être passionné mais tout en prenant garde à ne pas devenir obsessionnel. Il faut aussi être vigilant à ne pas perdre cette attention et cet amour du végétal que pourrait engendrer la contrainte du rendement et de la gestion du temps. Il y a une véritable tension entre le fait d’être rentable et de rester dans le sensible. 

L’AFC est pour moi une belle initiative qui permet de garder une qualité dans le geste de cueillette. Elle crée aussi du lien, des partages et de la mutualisation entre les cueilleurs solitaires.

J’aime beaucoup l’aubépine et je me souviens d’une fois où sa beauté était telle que la cueillette était impossible. C’était une aubépine âgée et immense qui se trouve sur les crêtes de Valdrôme. Le temps était pourtant idéal, le moment de floraison propice mais je n’ai pas pu. Elle avait quelque chose de sacré qui m’empêchait de la cueillir.

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Propos recueillis et mis en forme par Clarisse Le Bas