Alexis Brunel

,

et l'Arnica

J’étais paysagiste dans les jardins historiques, très inspiré par le 18^e siècle anglais et le concept de la ferme ornée où la production est intégrée au jardin paysagé. J’imaginais introduire des plantes médicinales en culture au jardin ou de la plante sauvage dans des grandes prairies, mais la clientèle n’était pas très réceptive. Dans le même temps j’étais élagueur et je connaissais des cueilleurs de cônes qui fournissaient la filière des semences. Ça m’intéressait. Et puis j’ai rencontré un copain de copain qui faisait de la cueillette de plantes sauvages. J’ai essayé. J’ai commencé par la Bruyère sur de grandes zones fleuries. Dès que j’ai touché à la faucille et à l’espace naturel, j’ai été pris aux tripes ! Je suis rentré dans un tourbillon : l’amour de la plante, la beauté des paysages et l’aiguillon du stress. Le stress d’avoir promis une plante et d’honorer ta promesse, de rentrer dans une temporalité où il y a un matériau vivant à vendre. Ce tourbillon, t’as du mal à en sortir. T’as pas envie d’en sortir. Il y a un côté addictif. Heureusement que j’ai une femme pour tempérer parce que je serais capable de travailler 7 jours sur 7. D’autant plus qu’avec la coopérative on est complètement déchargé des aspects administratifs. On est concentré sur la production. Pour ça, il faut des aptitudes physiques, de la persévérance et de la confiance dans le fait que rien n’est jamais clos.

L’AFC, c’est la rencontre avec d’autres cueilleurs, c’est l’ouverture vers d’autres possibles de la cueillette, d’autres discours sur nos sensibilités par rapport à la plante.

Une plante que j’aime en particulier? J’ai une histoire d’amour avec l’Arnica. Malgré une situation qui se dégrade localement, les responsabilités et le doute qui pointe depuis deux ans, je garde en tête la découverte d’un site magnifique dans les Pyrénées, toute une logistique à mettre en place et des supers moments fédérateurs avec les copains.

‍

Propos recueillis et mis en forme par Raphaëlle Garreta